5

— Oh, grands dieux...

Une main le fit s’allonger avec douceur sur l’étroite banquette.

— Tout va bien, dit une voix suave. Vous avez une sale blessure à la jambe, mais nous allons la soigner.

Culver leva les yeux vers le visage blême qui semblait flotter devant lui. La jeune femme était épouvantée  – il décelait une lueur d’inquiétude sous son calme apparent mais elle travaillait avec des gestes assurés de professionnelle, nettoyant la plaie béante de la cuisse.

— Vous avez eu de la chance, lui dit-elle. Je ne connais pas l’origine de cette blessure, mais c’est passé tout près de l’artère.

— Vous en êtes certaine ?

— Si l’artère avait été sectionnée, répondit-elle sans sourire, un jet de sang écarlate aurait jailli. Et vous seriez beaucoup plus faible que cela. Non, le sang est pourpre et il coule lentement sans gicler, aussi n’est-ce pas très grave. Mais qu’est-ce qui vous a fait ça ?

Il ferma les yeux et les souvenirs revinrent avec netteté.

— Je doute que vous me croyiez.

— Après ce qui s’est passé aujourd’hui, après cette folie, fit-elle en s’interrompant quelques instants, je suis prête à croire tout et n’importe qui.

Le silence tomba. Ce fut Culver qui le rompit.

— Il y avait des rats dans le tunnel. Comme je n’en ai jamais vu.

Elle le regarda, intriguée.

— Ils étaient gros, certains comme des chiens. Ils... ils se nourrissaient des gens qui avaient fui dans le tunnel.

— Ils vous ont attaqués ?

— Oui. C’est difficile à croire... Je ne sais pas comment...

— Des ingénieurs vous ont entendus marteler la porte de secours. Vous êtes littéralement tombés parmi nous.

— Mais, qui... où sommes-nous ? fit-il en promenant son regard dans la pièce.

— Officiellement, c’est le central téléphonique de Kingsway. De manière tout aussi officielle, mais pas à la connaissance du public, c’est un abri nucléaire gouvernemental. Pour le moment vous êtes à l’infirmerie.

Par-dessus l’épaule de la jeune femme, Culver distinguait deux autres banquettes superposées. C’était une petite pièce au plafond et aux murs gris, avec un éclairage au néon au-dessus de leur tête. D’autres silhouettes entouraient un lit un peu plus loin.

La jeune femme suivit son regard.

— On s’occupe de la jeune fille que vous avez amenée ; elle est encore choquée. On l’a soignée en premier. Elle ne semble pas sérieusement blessée, simplement quelques contusions et égratignures. Ses cheveux sont un peu roussis, vous avez dû la protéger du feu.

— Du feu ?

— Vous ne vous rappelez pas ? Les ingénieurs ont dit que le tunnel s’est embrasé en quelques secondes, il y a eu comme une boule de feu. Vous seriez tous rôtis si on n’avait pas ouvert la porte à l’instant crucial. Vous avez eu de la chance de porter une veste de cuir épais sinon votre dos se serait desquamé...

— Où est Dealey ?

— ... Vos mains et votre nuque sont brûlées.

— Il n’a pas réussi, fit Culver en se redressant.

Une main se posa sur sa poitrine et le recoucha doucement.

— Si, il a réussi. Il parle avec le RPC.

— Le quoi ?

— Le responsable de la Protection civile. Dealey a tenu à ce que je m’occupe d’abord de vous et de la jeune fille.

— Vous savez qu’il ne voit plus ?

— Bien sûr. Mais avec un peu de chance, ce ne sera que temporaire. Tout dépend combien de temps il a regardé l’éclair. Je suppose que c’est ainsi que c’est arrivé ?

— Ouais. Simplement un court instant.

— Il aura peut-être de la chance, alors. Mais l’attente sera longue.

Elle se remit à panser ses blessures et pour la première fois il remarqua ses jambes nues.

— Si c’est une morsure de rat, il va falloir désinfecter. Je dois vous faire une piqûre antitétanique, murmura-t-elle. Vous vous sentez mieux ?

— Pas particulièrement. Qui êtes-vous ?

— Docteur Clare Reynolds, fit-elle, toujours sans sourire. Je suis là uniquement pour une réunion prévue cet après-midi, avec Alex Dealey et plusieurs autres.

— Vous travaillez pour le gouvernement ?

Cette fois un vague sourire pincé effleura ses lèvres.

— J’ai été affectée ici quand la situation a atteint un point crucial. Précautions d’usage ; personne ne pensait que l’on en viendrait là. Non, vraiment personne.

Elle se tourna vers un petit chariot, à côté d’elle, et versa du liquide sur un tampon. Des mèches, prématurément grises, se perdaient dans l’auburn de ses cheveux coupés court, dans un but pratique et non esthétique. Elle avait les traits tirés, ce qui n’était pas surprenant en de telles circonstances, et sa peau hâve semblait presque anémiée, bien que cela fût peut-être dû à la lumière crue des néons (ou, encore une fois, aux circonstances). Il remarqua son alliance.

— Ça va piquer, lui dit-elle.

Le visage tourné vers lui, elle lui appliqua le tampon imbibé sur la plaie.

— Ahhh ! Ohhh ! s’écria Culver en s’agrippant au rebord du lit.

— Non, espèce de mauviette. Bon, c’est fait. Pas besoin de points de suture, un pansement suffira. Nous ne voulons pas que vous fassiez une infection. Vous avez une multitude de contusions et d’éraflures superficielles mais aucune brûlure grave. Je vais les soigner et vous prescrire quelques jours de repos. Vous avez traversé une sacrée épreuve.

— Je préférerais éviter le repos forcé.

— Certainement pas. Estimez-vous heureux d’être tenu à l’écart quelque temps. Au fait, comment vous appelez-vous ?

— Steve Culver.

— Je suis ravie de faire votre connaissance, monsieur Culver. Je crois que nous sommes appelés à nous revoir souvent.

— Que s’est-il passé, docteur ? Pourquoi ont-ils laissé faire ça ?

— On en revient toujours à la cupidité, fit-elle en se détendant légèrement. Et à la jalousie. N’oublions pas notre vieille amie, la jalousie.

Elle termina de panser la blessure et administra une injection antitétanique ; puis elle prit sur le chariot une seringue de Valium.

 

Au réveil, un regard différent était penché sur lui. Ses cheveux blonds lui tombaient de chaque côté du visage, encore marqué et émacié après l’épreuve dans le tunnel. Ses grands yeux, contrairement à ceux du médecin, reflétaient la peur. Une main lui saisit l’épaule.

— Où suis-je ? demanda-t-elle, presque dans un murmure. Je vous en prie, dites-le-moi.

Il fit de gros efforts pour se redresser et il eut le tournis. La jeune fille lui agrippa l’épaule, lui enfonçant les ongles dans la chair.

— Doucement, implora-t-il. Laissez-moi quelques instants.

Culver prit lentement appui sur le mur et attendit de ne plus avoir le vertige. Peu à peu, il eut l’esprit clair mais des pensées vinrent l’assaillir. Ses sens s’aiguisèrent rapidement au fur et à mesure que les souvenirs affluaient. La peur se porta au bas de l’estomac, tel un bateau qui sombre au fond de la mer. Il dévisagea la jeune fille et lui passa la main sous les cheveux pour lui caresser la joue.

— Vous êtes en sécurité, lui dit-il doucement.

Il avait envie de la prendre dans ses bras, de l’étreindre contre sa poitrine, de lui dire que tout cela n’était qu’un mauvais rêve qui avait pris fin. Mais il savait que ce n’était que le début.

— Nous sommes dans un abri gouvernemental, fit-il. L’entrée était située dans le tunnel près de l’endroit où nous vous avons trouvée.

— Je me souviens, dit-elle en frissonnant, mais sa voix, son regard étaient lointains. Nous avons entendu les sirènes. Personne n’y croyait vraiment, pourtant nous nous sommes mis à courir, puis nous nous sommes cachés. Nous pensions être à l’abri dans les tunnels. Ces créatures...

Elle s’interrompit et il l’attira vers lui. Elle étouffait ses sanglots contre sa poitrine et il sentit le mince carcan, derrière lequel il cachait ses sentiments ; se déchirer. Un lien s’était tissé entre eux  – il était certain que c’était partagé  –, une intimité imposée par leur épreuve commune, une union née du désespoir. Culver, tenant fermement la jeune fille contre lui, luttait contre sa propre détresse.

Après ce qui sembla être une éternité, elle cessa de frissonner tout en continuant à trembler légèrement.

Elle se dégagea de son emprise.

— Est-ce vous... est-ce vous qui m’avez sauvée ? Est-ce vous qui m’avez aidée quand ces... Oh, mon Dieu, qu’est-ce que c’était ?

— De la vermine, répondit-il d’une voix calme. Des rats qui ont dû se reproduire sous terre depuis des années.

— Mais cette taille ! Comment ont-ils pu atteindre cette taille ?

— Ce sont des mutants. Des monstres qui auraient dû être exterminés, il y a des années, quand ils sont apparus pour la première fois. On nous avait dit qu’ils l’avaient été, mais il semblerait qu’on ait été mal informés. Ou trompés.

— Comment ont-ils pu survivre, se reproduire, passer inaperçus ? s’écria-t-elle en haussant le ton.

Culver se rendait compte qu’elle recommençait à ne plus se maîtriser.

— Peut-être aurons-nous la réponse plus tard, dit-il d’un ton apaisant. Ce qui importe, c’est que nous soyons sains et saufs. Quoi qu’il y ait au-dessus, quoi qu’il y ait dans les tunnels, rien ne peut nous atteindre ici.

Jamais il n’oublierait l’ombre obsédante qui se profila sur son visage à cet instant.

— Reste-t-il... Reste-t-il encore quelque chose là-haut ?

Il ne pouvait répondre. Le seul fait d’y répondre, ou même d’y penser, l’aurait anéanti. Repousse cette idée, Culver, remets à plus tard. C’était trop pour le moment, trop pour regarder la vérité en face. Il fallait à tout prix chasser ces images d’enfants calcinés, de corps déchiquetés, écrasés, d’enfants hagards, d’une ville, d’un pays, d’un monde ravagés, dévastés. Des enfants, des enfants, des enfants contaminés, qui hurlaient.

Il avait alors poussé un cri, dénué de force, dénué de frénésie ; un son faible mais qui, néanmoins, trahissait l’angoisse. Et ce fut au tour de la jeune fille de le réconforter.

 

Le médecin vint les voir un peu plus tard. Elle s’arrêta un instant sur le seuil de la petite infirmerie. Si seulement elle aussi avait quelqu’un pour la serrer dans ses bras, la rassurer, lui dire que tout irait bien... Si seulement elle savait si Simon... non, il ne fallait pas y penser, même pas penser à la mort de son mari.

— Comment vous sentez-vous, tous les deux ? leur demanda-t-elle, cachant son émotion naissante sous la rigueur professionnelle.

Ils la dévisagèrent comme si c’était une créature étrange, comme si elle était à l’origine de ce désastre ; mais Culver, le premier, reprit rapidement le dessus.

— Ça a duré combien de temps ? lui demanda-t-il alors qu’ils se séparaient.

— Environ six heures, fit Clare Reynolds en jetant un coup d’œil à sa montre. Il est maintenant un peu plus de sept heures du soir. Maintenant, dites-moi comment vous vous sentez, fit-elle en s’approchant d’eux. Pas de douleurs, de contusions à me signaler ? Vous ? dit-elle en regardant la jeune fille.

— Je suis simplement engourdie.

Le médecin semblait plus pâle que jamais ; si toutefois cela était possible, mais elle esquissa un sourire.

— Nous avons tous subi un choc psychique. Comment vous sentez-vous physiquement ? Avez-vous mal quelque part ?

La jeune fille secoua la tête.

— Très bien : Voulez-vous nous dire votre nom ?

— Kate, fit la jeune fille en s’asseyant sur le bord du lit et en se passant la main sur les yeux.

— Nom de famille ?

— Garner.

— Bienvenue au club des survivants, Kate Garner. (Le ton glacial n’avait rien d’accueillant.) Et votre jambe, monsieur Culver ?

— Comme une jambe qui a été mordue par un rat, répondit Culver en levant ses genoux au-dessus de l’unique couverture et en y posant ses poings. Que s’est-il passé pendant notre sommeil ?

— C’est la raison de ma venue. Une réunion va commencer dans la salle à manger de l’abri. Vous trouverez toutes les réponses à vos questions. Avez-vous la force de vous habiller ?

Culver acquiesça et se rendit compte que, pour l’instant du moins, il avait réussi à chasser certaines pensées. La douleur, les images obsédantes ne le quitteraient jamais, certes, mais pour l’instant elles pouvaient être refoulées. Une colère froide s’empara de lui. Ce serait un stimulant, quelle que soit l’épreuve qui l’attendait. Du moins pour l’instant.

Le médecin s’approcha du lit et lui lança ses vêtements.

— La veste est un peu brûlée, le jean et la chemise déchirés, mais cela n’a guère d’importance, la réunion est informelle. Kate, voulez-vous vous allonger sur un autre lit ? J’aimerais vous examiner de nouveau.

Culver s’habilla rapidement, grimaçant à cause de la douleur provoquée par un mouvement brusque. Il devait être plus atteint qu’il ne le soupçonnait. Tout le haut de la cuisse s’était raidi. Il trouva ses bottes sous le lit et grogna en se baissant pour les lacer ; il avait l’impression d’avoir reçu un medecine-ball en plein estomac. Il se leva en s’appuyant sur le lit supérieur pour se redresser, puis rejoignit le médecin et la jeune fille.

— Tout va bien ? fit-il en promenant son regard de l’une à l’autre.

— Rien de bien grave, fit le médecin en se levant. Allons rejoindre les autres.

— Combien sont-ils, « les autres » ? Et « qui » sont-ils ?

— Des ingénieurs pour la plupart des techniciens, basés ici en permanence pour faire marcher le réseau téléphonique. Les autres sont des ROC, c’est-à-dire des membres du Royal Observer Corps et il y en a un ou deux qui appartiennent à la Défense civile. D’autres auraient dû nous rejoindre à la première alerte, mais... (Elle haussa les épaules)... des plans conçus avec minutie ne fonctionnent pas toujours dans la pratique. Surtout quand toute une ville est en proie à la panique. En tout, nous sommes presque quarante.

Elle les fit sortir de l’infirmerie. Culver et la jeune fille restèrent bouche bée devant l’immensité des lieux.

— Impressionnant, n’est-ce pas ? fit le docteur Reynolds, remarquant leur étonnement. Il faudrait une bonne heure pour faire le tour du complexe. Je ne veux pas vous ennuyer avec la liste de l’équipement technique entreposé ici  – principalement parce que je n’y comprends pas grand-chose moi-même  –, mais nous avons notre propre groupe électrogène et deux autres à fonctionnement continu. Nous avons également un puits artésien et une installation d’épuration, ainsi le problème d’eau ne se posera pas. A gauche, vous voyez le standard et le groupe électrogène est juste devant nous. Un peu plus loin se trouvent la cuisine, la salle à manger et le centre social. C’est là que nous allons.

La lumière crue des néons ajoutait à l’atmosphère glaciale créée par les machines ; les murs gris-vert ne renvoyaient aucune chaleur. Un doux ronronnement révélait un monde électronique qui n’avait rien d’humain, mais Culver remarqua qu’aucune machine ne semblait fonctionner. L’espace d’un instant, il se demanda s’il restait quelqu’un avec qui communiquer.

Après ce qui sembla un long trajet à travers des couloirs labyrinthiques, il lui sembla percevoir un ronronnement différent, enfin humain : des bruits de voix feutrées. Ils entrèrent tous trois dans la salle à manger. Les têtes aussitôt se tournèrent dans leur direction. La conversation cessa.

L'empire des rats
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